Né à Saint-Malo intra-muros, ayant habité la cité pendant 22 ans, forcément il y a quelques attaches ! Des attaches mais pas de chauvinisme car ailleurs, il existe aussi de très jolis coins à découvrir… et les voyageurs le savent, même s’ils reviennent souvent s’imbiber de ce vent, ces paysage, ces marées, ces pavés, ce sable comme s’ils avaient dans le fond de l’esprit, un rocher comme racine. Indélébile rocher perché, caché, voilé au fond de l’âme…

Un jour, je vois une ancienne illustration de la ville qui me tape à l’œil. Un dessin réalisé à l’époque par une agence de publicité située du côté de la Rochelle. Objet du sujet ? La ville dessinée avec des partenaires inclus dans le dessin de façon très intelligente… mais aussi un peu d’histoire, un peu d’humour et plein de petits détails à découvrir au fil du temps. Et surtout, un aspect esthétique, une véritable œuvre à mes yeux. Offrant la possibilité de se repérer dans l’espace de façon ludique…

A force de la voir, de la revoir, de l’observer, de la décomposer visuellement, je tombe littéralement sous le charme de l’affiche… En tant que publicitaire et toujours à la recherche de tournures, d’originalité, de slogans, de visuels pour mes clients, je me dis que finalement, l’agence de l’époque avait trouvé quelque chose d’attrayant, vraiment marquant…un vrai concept !

J’apprendrai plus tard que cette idée est née dans l’esprit d’une artiste américaine, en vogue dans les années 80 pour avoir dessiné plusieurs grandes villes des Etats-Unis. Et c’est en découvrant l’une de ses œuvres, qu’un jour, lors d’un voyage aux states, que Gérard Prévoteau, dessinateur publicitaire à l’époque, décide de lancer la mode en France. Il fera alors, une trentaine de ville de France et du monde…

…quant à moi, plus je regarde l’affiche de 1983, plus je l’aime, plus je trouve qu’elle est un hymne à notre chère ville de Saint-Malo. Un véritable instantané de jadis, une petite page d’histoire dessinée. On voit des anciennes enseignes qui ont marqué notre enfance : Martial Surplus, Codec, Intersports…. 

…après 1 an de réflexion, je me dis qu’une illustration version 2016 serait vraiment un beau projet pour la ville qui s’est modernisée, restructurée de façon différente. Je recherche alors les éléments permettant de remonter à l’auteur de l’époque. Après quelques semaines de recherches, un contact Facebook avec l’une de ses nièces, j’arrive à entrer en contact avec l’auteur de l’époque. ..

L'illustration de saint malo en grand format, un dessin unique de la ville de saint-malo. Un poster Grand Format.

Gérard a la soixantaine, une vie paisible et riche en créativité mais après plusieurs discussions, reprendre un tel projet n’est pas trop envisageable à ses yeux. Trop de contraintes, trop de temps, la main n’est plus habituée à l’exercice. Pourtant, après 6 mois d’échanges, des démarches auprès de partenaires, Gérard décide de repartir à zéro pour l’illustration et de tenter cette aventure avec moi…

…de mon côté, cette nouvelle illustration me permet simplement de monter un projet pour cette ville que j’aime tant. Depuis le temps que ça me trottait dans la tête de construire un tel truc, l’opportunité est arrivée, il n’a fallu que la saisir au vol et partir vers l’inconnu. Ce lieu où les rêveurs peuvent se rejoindre autour d’idées, qui parfois prennent vie. ..ou pas !

Septembre 2015, un premier rendez-vous est donc enclenché avec Gérard sur Nantes. Et puis des discussions, encore et encore et le Oui, enfin. Et le lancement du projet. Et la visite de partenaires, et leur excellent accueil et du plaisir à partager…parce qu’il y a chez eux, cette même amour de la ville, ce même engouement autour de cette idée. Certains me diront non, très peu d’ailleurs et j’ai aussi dû omettre beaucoup de monde, clients parfois que j’apprécie aussi. L’idée était d’avoir une illustration, pas un placard publicitaire : une sorte de juste milieu entre histoire, drôlerie, beauté et partenariats. Donc ceux que je ne suis pas venu voir, c’est par manque de temps, par l’envie de ne pas trop charger cette illustration ! Et ceux qui ont refusé, bien ce n’est pas grave, j’ai avancé, persévéré et j’y suis arrivé…et la vie continue…

…février 2016, tout est calé avec les partenaires, reste plus qu’à dégrossir le travail pour Gérard, regrouper les informations pour, qu’à distance, il puisse comprendre la teneur du contenu. Objectif, parution juin 2016. Et puis, l’artiste devient artiste et prend son temps, dessine le petit détail, affine son trait, redevient l’illustrateur de l’époque en version +10. Du coup, le retard. Et puis le retard…l’angoisse de son côté d’être 24h/24h imprégné par l’illustration en cours : bien compliquée…

L’angoisse de mon côté, de ne savoir si illustration il y aura, si l’illustrateur aura retrouvé ses sensations. Car évidemment pendant ces longs mois, l’artiste garde l’œuvre secrète, ne dévoile que de petites parties, toujours en mauvaise définition. L’inquiétude me gagne, son appréhension monte d’un cran…les nerfs sont à vifs ! Des écorchés vifs, les artistes ?

Voilà, la petite histoire. Avec beaucoup de points en commun, j’ai trouvé en Gérard un ami, j’ai trouvé à travers son illustration tout ce qui, à mes yeux, fait un artiste. Celui qui va dans un endroit où il n’y a rien et qui fait de ce rien, quelque chose ! Pas un artiste lobotomisé mais un créateur, qui d’ailleurs se prend rarement pour un artiste. C’est la définition que j’aime du créateur, celui qui ne dit pas trop qu’il l’est mais qui est le meilleur en fait… et qui fonce les yeux fermés sans trop se poser de questions. Parce que les questions, on aura bien le temps de se les poser plus tard ! Surtout si ce n’est pour ne pas y répondre…ou trop partiellement. Puisque nous vivons dans un monde partiel !

Alors voilà, Gérard Prévoteau a fait l’illustration de Saint-Malo 2016 et il m’a dit qu’il n’avait jamais réalisé quelque chose de semblable. Que ses amis l’on traité de fou ! Que la nuit, il ne pensait qu’à ça, des mois et des mois. Et cette illustration, qui est un instantané, à mon goût, historique de Saint-Malo, est devenue réalité. Après, je comprends que cela ne puisse pas plaire mais ça c’est une autre histoire ! L’important, c’est que ça nous plaise. Quant à ceux qui sont partis sur cette route, à mes côtés, sans aucun doute par amour pour la ville, aussi, plus que pour faire un coup publicitaire, je vous remercie du fond du coeur, simplement pour avoir pensé qu'on pouvait faire confiance. La confiance n'a pas de prix dans ce monde des affaires où l'on a plus facilement facilité à oublier le passé, à laisser de côté les services rendus, à tout négliger au détriment d'un doute, de son propre bonheur personnel ou par connerie !

...L’histoire là, elle est née en 1983, elle renait en 2016 sous de beaux traits. Une part de bonheur pour un malouin, il est vrai, de contribuer à l’image de la cité à travers cette toile illustrée. Un vrai plaisir, au final pour l’illustrateur, dont le fils porte le prénom de Malo. Une prédisposition à aimer la ville aussi…Merci Gérard, merci...

Yann Chollet....

“Les rêves du poète se réalisent toujours pour la simple raison qu'ils ne sont pas des rêves mais de clairs regards jetés sur la réalité du monde.” Roger Mondoloni